Analysis of La kermesse
Emile Verhaeren 1855 (Sint-Amands) – 1916 (Rouen)
Avec colère, avec détresse,
Avec ses refrains de quadrilles,
Qui sautèlent sur leurs béquilles,
L'orgue canaille et lourd,
Au fond du bourg,
Moud la kermesse.
Quelques étaux au coin des bornes,
Et quelques vieilles gens,
Au seuil d'un portail morne.
Avec colère, avec détresse, avec blasphème,
Mais, vers la fête,
Quand même,
L'orgue s'entête.
Sa musique de tintamarres
Se casse, en des bagarres
De cuivre vert et de fer-blanc,
Et crie et grince dans le vide,
Obstinément,
Sa note acide.
Sur la place, l'église,
Sous le cercueil de ses grands toits
Et les linceuls de ses murs droits,
Tait les reproches
Solennels de ses cloches ;
Un charlatan, sur un tréteau,
Pantalon rouge et vert manteau,
Vend, à grands cris, la vie ;
Puis échange, contre des sous,
Son remède pour loups-garous
Et l'histoire de point en point suivie,
Sur sa pancarte,
D'un bossu noir qu'il délivra de fièvre quarte.
Et l'orgue rage
Son quadrille sauvage.
Et personne, des hameaux proches,
N'est accouru ;
Vides les étables, vides les poches,
Et rien que la mort et la faim
Dont se peuple l'armoire à pain ;
Dans la misère qui les soude
On sent que les hameaux se boudent,
Qu'entre filles et gars d'amour
La pauvreté découd les alliances
Et que les jours suivant les jours
Chacun des bourgs
Fait son silence avec ses défiances.
L'orgue grinçant et faux,
Du fond de son armoire
D'architecture ostentatoire,
Criaille un bruit de faux
Et de cisailles.
Dans la salle de plâtre cru,
Où ses cris tors et discors, dru,
Contre des murs en lattes
Eclatent,
Des colonnes de verre et de tournants bâtons
- Clinquant et or - décorent son fronton ;
Et les concassants bruits des cors et des trompettes
Et les fifres, tels des forets,
Cinglent et trouent le cabaret
De leurs tempêtes
Et vont là-bas
Contre un pignon, avec fracas,
Broyer l'écho de la grand'rue.
Et l'orgue avec sa rage
S'ameute une dernière fois et rue
Des quatre fers de son tapage
Jusqu'aux enclos et jusqu'aux champs,
Jusqu'aux routes, jusqu'aux étangs,
Jusqu'aux meules de méteil,
Jusqu'au soleil ;
Et seuls dansent aux carrefours,
Jupons gonflés et sabots lourds
Deux pauvres fous avec deux folles.
Scheme | AAABXA AAC DBDB AAXB BB AAAAABBEAAEBB FX AGADCBBGAAAA AGGAA GGABACAABAAAG FGFAAHHAAA |
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Poetic Form | |
Metre | 111111 110111 1111111 1111 1111 111 111111 1111 111111 111111111 11111 111 1111 1111 11111 1111111 1111101 11 111 11111 1011111 1111111 111 1111 11001111 11111 11111 11111 111111 1111111 111 111111111111 111 1110 11111 1011 1110111 11111111 1111101 1111111 1111111 1101111 111110100 1111111 111 11101111 11111 111110 11001 11111 111 1111111 1111111 11111 1 111111111 1111111 111111111 111111 111001 1111 1111 111110 1111111 11111 1111111 111111 11111 1111 11111 101 11111 111111 111111 |
Closest metre | Iambic tetrameter |
Characters | 2,098 |
Words | 360 |
Sentences | 11 |
Stanzas | 11 |
Stanza Lengths | 6, 3, 4, 4, 2, 13, 2, 12, 5, 13, 10 |
Lines Amount | 74 |
Letters per line (avg) | 22 |
Words per line (avg) | 5 |
Letters per stanza (avg) | 148 |
Words per stanza (avg) | 33 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on March 05, 2023
- 1:55 min read
- 97 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"La kermesse" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 20 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/11191/la-kermesse>.
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