Analysis of Le Crapaud
Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)
O vivante et visqueuse extase
Accroupie au bord des marais,
Pèlerin morne de la vase,
Des vignes et des bruns guérets,
Paria, dont la vue inspire
De l’horreur aux pestiférés,
Crapaud, inconscient vampire
Des vaches sommeillant aux prés ;
Infime roi des culs-de-jatte
Écrasé par ta pesanteur,
Sombre forçat tirant la patte
Avec une affreuse lenteur,
A toi que Dieu semble maudire,
A toi, doux martyr des enfants,
Le cœur ému, je viens te dire
Que je te plains et te défends.
Ton pauvre corps, lorsque tu bouges,
Est inquiet et tourmenté,
Et ce qui sort de tes yeux rouges,
C’est une immense humilité.
Je t’aime, monstre épouvantable.
Que j’ai vu grimpant l’autre soir,
Avec un effort lamentable,
Dans l’épaisseur du buisson noir.
Loin de l’homme et de la vipère,
Loin de tout ce qui frappe et mord,
Je te souhaite un bon repaire,
Obscur et froid comme la mort.
Fuis vers une mare chargée
De brume opaque et de sommeil,
Et que n’auront jamais figée
Les yeux calcinants du soleil.
Qu’un ciel à teintes orageuses,
Toujours plein de morosité,
Sur tes landes marécageuses
Éternise l’humidité ;
Pour que toi, le rôdeur des flaques,
Tu puisses faire tes plongeons
Dans de délicieux cloaques
Frais, sous le fouillis vert des joncs.
Dans la grande paix sépulcrale
De la nuit qui tombe des cieux,
Lorsque le vent n’est plus qu’un râle
Dans les arbres silencieux,
Unis-toi sous la froide lune,
Qui t’enverra son regard blanc,
A la femelle molle et brune
Bavant de plaisir à ton flanc !
Dans les nénuphars, jamais traîtres,
Humez l’amour, l’amour béni,
Qui donne aux plus horribles êtres
Les ivresses de l’infini.
Et puis, chemine, lent touriste,
De la mare au creux du sapin,
En chuchotant ton cri plus triste
Que tous les mineurs de Chopin.
Rampe à l’aise, deviens superbe
De laideur grasse et de repos,
Dans la sécurité d’une herbe
Où ne vivront que des crapauds !
De l’hiver à la canicule
Puisses-tu savourer longtemps
L’ombre vague du crépuscule
Près des solitaires étangs !
Puisse ta vie être un long rêve
D’amour et de sérénité !
Sois la hideur ravie, et crève
De vieillesse ou de volupté !
Scheme | AAAA BABA CBCB BABA ACAC DEDE XCBC FDFD ACAC AAAA DADA GHGH AFAG CGCG IAIA DADA FCFC |
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Poetic Form | Quatrain (94%) |
Metre | 11111 11111 111111 1111111 111101 111111 1110 111111 111111 1111 111111 1111 011111 0111011 01111111 11111111 111111 01111 11111111 11011 1111 111111 11100100 111111 11111111 11111111 111111 111111 111111 1101111 111111 111101 1111 1111 11111 11 11101111 11111 11111 1101111 111111 1111111 10111110 1111 111111 111011 011111 11111 1111111 11111 111111 1111 11111 1111111 111111 1111110 1111 111111 111111 111111 1111 1111 11111 11111 11111111 0111111 1111111 11111 |
Closest metre | Iambic pentameter |
Characters | 2,114 |
Words | 358 |
Sentences | 15 |
Stanzas | 17 |
Stanza Lengths | 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4 |
Lines Amount | 68 |
Letters per line (avg) | 23 |
Words per line (avg) | 5 |
Letters per stanza (avg) | 94 |
Words per stanza (avg) | 21 |
Font size:
Submitted on May 13, 2011
Modified on April 19, 2023
- 1:47 min read
- 25 Views
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Style:MLAChicagoAPA
"Le Crapaud" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 19 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27710/le-crapaud>.
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