Analysis of Les Arbres

Maurice Rollinat 1846 (Châteauroux) – 1903 (Ivry-sur-Seine)



Arbres, grands végétaux, martyrs des saisons fauves.
Sombres lyres des vents, ces noirs musiciens,
Que vous soyez feuillus ou que vous soyez chauves,
Le poète vous aime et vos spleens sont les siens.

Quand le regard du peintre a soif de pittoresque.
C’est à vous qu’il s’abreuve avec avidité,
Car vous êtes l’immense et formidable fresque
Dont la terre sans fin pare sa nudité.

De vous un magnétisme étrange se dégage.
Plein de poésie âpre et d’amères saveurs ;
Et quand vous bruissez, vous êtes le langage
Que la nature ébauche avec les grands rêveurs.

Quand l’éclair et la foule enflent rafale et grêle,
Les forêts sont des mers dont chaque arbre est un flot.
Et tous, le chêne énorme et le coudrier grêle,
Dans l’opaque fouillis poussent un long sanglot.

Alors, vous qui parfois, muets comme des marbres,
Vous endormez, pareils à des cœurs sans remords,
Vous tordez vos grands bras, vous hurlez, pauvres arbres,
Sous l’horrible galop des éléments sans mors.

L’été, plein de langueurs, l’oiseau clôt ses paupières
Et dort paisiblement sur vos mouvants hamacs,
Vous êtes les écrans des herbes et des pierres
Et vous mêlez votre ombre à la fraîcheur des lacs.

Et quand la canicule, aux vivants si funeste,
Pompe les étangs bruns, miroirs des joncs fluets,
Dans l’atmosphère lourde où fermente la peste,
Vous immobilisez vos branchages muets.

Votre mélancolie, à la fin de l’automne,
Est pénétrante, alors que sans fleurs et sans nids,
Sous un ciel nébuleux où d’heure en heure il tonne,
Vous semblez écrasés par vos rameaux jaunis.

Les seules nuits de mai, sous les rayons stellaires,
Aux parfums dont la terre emplit ses encensoirs,
Vous oubliez parfois vos douleurs séculaires
Dans un sommeil bercé par le zéphyr des soirs.

Une brume odorante autour de vous circule
Quand l’aube a dissipé la nocturne stupeur,
Et, quand vous devenez plus grands au crépuscule,
Le poète frémit comme s’il avait peur.

Sachant qu’un drame étrange est joué sous vos dômes,
Par les bêtes le jour, par les spectres la nuit,
Pour voir rôder les loups et glisser les fantômes,
Vos invisibles yeux s’ouvrent au moindre bruit.

Et le soleil vous mord, l’aquilon vous cravache,
L’hiver vous coud tout vifs dans un froid linceul blanc,
Et vous souffrez toujours jusqu’à ce que la hache
Taillade votre chair et vous tranche en sifflant.

Partout où vous vivez, chênes, peupliers, ormes,
Dans les cités, aux champs, et sur les rocs déserts,
Je fraternise avec les tristesses énormes
Que vos sombres rameaux épandent par les airs.


Scheme AAAA BCBC DADA ECEC AAAA AAAA CACA FAFA AAAA EGEG ACAC HBHC AAAA
Poetic Form Quatrain  (85%)
Metre 1111110111 1111111 111111111 01111111111 1001110111 111111 1111110001 111011111 111111111 111111111 11111101 1110111111 111111101110 11111111110111 11011110110 1111111 11111111 11111111 111111111 11111111 111111011111 1111111 111111111 11111111111 11111111 11111111 11111111 11111 1111111 011111111111 11111111111 11111111 111111111 1011110111 1111111 1111101111 1111111 1101111 111111111 01111111111 11110111111 11110111111 11111111111 110011111 100111111 1111111111 111111111 11111111 11111111 111111111111 111111 11111111
Closest metre Iambic heptameter
Characters 2,561
Words 421
Sentences 18
Stanzas 13
Stanza Lengths 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4, 4
Lines Amount 52
Letters per line (avg) 37
Words per line (avg) 8
Letters per stanza (avg) 148
Words per stanza (avg) 32
Font size:
 

Submitted on May 13, 2011

Modified on March 05, 2023

2:06 min read
51

Maurice Rollinat

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    Style:MLAChicagoAPA

    "Les Arbres" Poetry.com. STANDS4 LLC, 2024. Web. 19 May 2024. <https://www.poetry.com/poem-analysis/27831/les-arbres>.

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